Musée de Metz

La stèle est bien mise en valeur, bien éclairée, mais assez abîmée. Elle est de grandes dimensions (environ 2,00 m de haut sur 1,80 m de large). Elle est impressionnante pour qui découvre pour la première fois une stèle tauroctone. Certains éléments habituels sont manquants : on ne voit pas le Soleil, la Lune, le Corbeau et le Serpent.
La patte droite du taureau repose sur le vase. Sa queue est magnifiquement terminée par 7 épis.
Les dadophores sont presque invisibles. Le chien se devine.
En médaillon, les 4 vents : Eurus et Borée avec la barbe, Notus et Zéphire imberbes.
Les frises extérieures, assez abîmées, nécessitent de bonnes explications pour que l’on puisse reconnaître ce qu’elles représentent.


Celles-ci se trouvent devant la stèle :

Tableaux verticaux à gauche :

• Naissance de Mithra
• Naissance de Mithra, dieu de lumière, qui émerge du rocher
• Oceanus
• Combat avec le géant
• Le dieu remet le foudre à Jupiter (représentation symbolique du ciel)


Tableaux au-dessus de la stèle :

• Mithra, flèche, source
• Hermès et caducée
• Jupiter au centre assis, maître des dieux
• Hercule et peau de lion (Némée)
• Neptune + trident + rame
• Bacchus + grappe de raisin


Tableaux verticaux à droite :

• Mithra lutte avec le taureau
• Mithra porte le taureau
• Lion, symbole de l’ardeur solaire et du feu + pin
• Alliance du dieu Sol et de Mithra
• Banquet de Sol et Mithra

De chaque côté de la stèle, il y avait un autel élevé en l’honneur des porteurs de torche, Cautes et Cautopates.

Sous la stèle, se trouve cette phrase de dédicace :

IN HONOREM DOMUS DIVINAE DEO INVICTO MARCELEUS MARIANUS DE SUO POSUIT

"Marceleus Marianus, de son plein gré, a élevé ce monument en l’honneur de la Maison Divine au dieu invaincu (Mithra)"

Cette stèle a été trouvée dans un sanctuaire :
• près de Sarrebourg, à proximité de la Sarre en 1895
• source à 15 m
• parallélogramme de 5/6 m
• 2 banquettes de 90 cm.

 

Musée de Strasbourg

La table mithriaque a été pratiquement détruite. Cette stèle provient du sanctuaire de Koenigshoffen. Une inscription découverte dans le même sanctuaire indique que la sculpture était peinte de couleurs vives. Le musée présente une reconstitution en couleurs. Comme beaucoup de morceaux manquent sur l’original, la copie permet de montrer ce qu’il représentait. Il est impossible malheureusement, de prendre des photos.

Devant la table, a été trouvé un autel portant la mention :

IN HDD DEO INVICTO MYTRAE SECUNDO

"En l’honneur de la Maison Divine, au dieu invaincu, Mithra Secundus".


Dans ce même musée, se trouve un bel autel ex-voto. Il est en forme de temple dédié à Luna. Au centre, la figuration d’un dadophore abaissant sa torche vers le sol. Au fronton, le buste de Luna. Inscription :



IN HODDDIM MATTO GNA
TI VOTUM SOLVIT LLM


"En l’honneur de la maison divine du dieu invaincu Mithra, Matto fils de Gnatus, a accompli un vœu, volontiers, avec joie et à juste titre."

 

Musée de Heidelberg

Le Mithraeum a été trouvé sous les ruines du cloître Saint-Michel. Il y avait aussi une statue de Mercure (Mercure tenant dans sa main une hache détruite) et une colonne de Jupiter.

Le Temple de Mercure se trouvait sous la Basilique.

L’espace dédié à Mithra dans ce musée est assez important et se trouve dans une grande salle réservée à ce thème. Il est composé de la reconstitution d’un Mithraeum, de la stèle principale (l’original est à Wiesbaden), de reproductions d’autres stèles ainsi que de bustes et autres petites statues concernant Mithra. Il s’y trouve aussi une reproduction d’une stèle du repas de Mithra et du dieu Sol.

Reconstitution d’un Mithraeum
Il se décompose en 3 parties dans le sens de la longueur :

• sur les 2 côtés externes, et sur toute la longueur, le sol est surélevé à hauteur de hanches, et le plafond abaissé. On accède à ces banquettes par 5 marches. Des piliers supportent cet espace de chaque côté, le dernier se terminant dans le mur du fond.
• au centre, le plafond forme une voûte céleste, bleu foncé et parsemée d’étoiles jaune d’or.
• au fond une reproduction de la stèle colorisée, ce qui fait assez bien ressortir les différents éléments qui s’y trouvent.

Description de la stèle
La stèle est en assez bon état, mais la vibration n’est pas la même que celle de l’original :
• Au centre, Mithra avec son bonnet phrygien : il est à moitié assis sur le taureau. Son genou gauche est appuyé au niveau de la cuisse droite du taureau, son pied gauche est posé sur la patte arrière droite du taureau. Sa main gauche maîtrise avec facilité l’animal par les naseaux. La lame qu’il tient de la main droite n’est que légèrement enfoncée dans la gorge du taureau : 4 gouttes de sang perlent, léchées par le chien derrière lequel se tient le lion. La queue de l’animal, dans la courbure de la cape de Mithra, se termine par 7 épis de blé. Un scorpion s’accroche aux testicules de l’animal, déjà en mauvaise posture. Un serpent traverse en ondulant toute la partie basse de la stèle et dresse la tête au-dessus d’une coupe. Pendant ce temps, Mithra regarde vers l’arrière gauche, vers le soleil, attendant un ordre. Sa cape vole au vent, formant un arc de cercle symbolisant à la fois une caverne et la voûte céleste.
• En haut à gauche, le soleil, à droite, la lune, qui regardent vers Mithra.
• A gauche de Mithra, se tient Cautopates, torche vers le bas. Ses pieds, croisés, en équilibre instable, sont à la hauteur du pied droit de Mithra.
• A droite, Cautes, porteur de la torche vers le haut, se tient aussi les pieds croisés, en déséquilibre. Il est placé plus haut que Cautopates, ses pieds sont à la hauteur de la gorge du taureau.
• Entre la tête de Mithra et la Lune, on devine des représentations végétales (des cyprès ?).

Le bras droit de Mithra est dans l’une des diagonales qui traversent la stèle tandis que sa jambe droite se trouve dans l’autre diagonale. Le point de rencontre de ces lignes se trouve (comme par hasard) au niveau du “hara” de Mithra. Les lignes médianes du rectangle formé par la partie centrale de la stèle, se rencontrent exactement au même point.

Cela renforce à la fois l’harmonie, la force, et la signification de l’œuvre.
Sur la stèle, le corbeau semble avoir été martelé. Il devait se trouver entre la tête du Soleil et celle de Mithra. La Stèle est entourée de 14 tableaux différents, décrits successivement de gauche à droite, en commençant par le tableau en bas à gauche, pour terminer par celui de droite en bas, en passant par la frise supérieure.
1. Mithra supporte la voûte céleste
2. Le rêve de Saturne, qui tient dans sa main droite un objet en rapport avec le tonnerre
3. Saturne en manteau, transmet à Jupiter un “Donnerkeil” (ce mot vient de Donner : tonnerre, et Keil : bâton) au-dessus d’un autel (Dans “Mithraism in the roman empire” p. 55, l’auteur dit : Kronos (Zervan) handing to Zeus (Ahura-Mazda) the scepter of the government of the World - Cronos tend à Zeus le sceptre du gouvernement du monde).
4. Naissance de Mithra hors du rocher : il porte dans la main gauche un globe et dans sa main droite un glaive
5. Un vent souffle - Mithra se tient à côté d’un cyprès
6. Mithra tire à l’arc vers les rochers qui représentent la voûte céleste
7. Mithra, dont la cape forme voûte, se tient derrière le soleil, lequel conduit un quadrige qui les emporte vers le ciel (représenté par des rochers)
8. La déesse de la lune se penche sur ses (2) chevaux qui baissent la tête, et pose les rênes sur les rochers
9. Mithra tire à l’arc vers les rochers/voûte
10. Le vent souffle vers Mithra qui émerge d’un figuier
11. Le taureau broute
12. Mithra porte le taureau sur ses épaules comme un berger porte son agneau
13. Mithra s’envole, accroché au cou du taureau
14. Mithra porte le taureau vaincu sur les épaules, en le tirant par les pattes arrière

En donnant une symbolique très succincte de certains éléments se trouvant sur cette stèle, les conservateurs du Musée souhaitent transmettre certaines indications au visiteur, lui laissant le soin de trouver la clef … du mystère : le lion représente le soleil, la coupe représente l’eau, le serpent représente la terre : les trois se trouvent en bas à droite de la stèle. Cautes à droite, lève sa torche : il représente la lumière, la rédemption. Il correspond au Lucifer latin et est dédié au soleil. Cautopates, baissant la torche, à gauche, représente les ténèbres, la mort, la damnation. Il correspond au latin Esperus, il est dédié à la lune.
En plus de ces monuments particuliers que sont les autels à Mithra, ce musée expose d’autres objets intéressants :

Lamelle Votive à Mercure
Lamelle de 3,8 cm de haut avec ailerons ressemblant aux extrémités à des croix pattées. En argent, frappée au 2ème siècle après JC, trouvée en 1983 sous l’Eglise St Michel.

Inscription sur la lamelle :



MERC(urio)/AQVIMA/NVS
TACI/TINIVS/SANVILLI/VS/V(otum)
S(olverunt) L(ibentes) L(aeti) M(etiro)

Reproduction de la reconstitution de la stèle de Francfort Heddernheim
• 4 vents : 2 avec une barbe, 2 imberbes, portant des ailettes dans les cheveux.
• Sur la frise supérieure, à gauche, est représenté le char de Mithra et du roi Soleil. Mithra n’a qu’un pied sur le char. Ils montent à l’assaut du rocher tandis que de l’autre côté, la Lune, également sur son char, descend du rocher. L’un va vers le ciel, l’autre descend du ciel.
• Pas de soleil et de lune de chaque coté de la tête de Mithra. Par contre le corbeau est posé sur le voile de Mithra. Cautes et Cautopates sont au même niveau. Le taureau ne touche presque pas terre.
• Au dessus de la tête de Mithra, une petite frise arrondie représentant les signes du zodiaque.
• Sur la frise intermédiaire : Mithra caché dans un cyprès, Mithra tirant le taureau, Mithra couronnant le soleil, et Mithra relevant le soleil agenouillé devant lui. Stèle représentant le repas de Sol et de Mithra (Stèle de Ladenburg)
Le banc sur lequel sont assis Sol et Mithra est recouvert d’une peau de taureau.Le Soleil est dévêtu, il occupe le centre du tableau. Il n’a qu’un bandeau dans les cheveux. Il est détendu mais plein de force. Dans sa main gauche, il tient un fouet pour les chevaux. Il tient dans sa main droite une corne à boire qui apparaît devant les rayons du soleil mis en valeur car, en arrière-plan, se trouve un poteau qui fait penser à un arbre représentant le culte du dieu soleil. Les rayons de soleil portent loin. A droite, Mithra, avec son bonnet phrygien et un manteau. Il pose amicalement sa main sur l’épaule du Soleil. Sa main gauche tient une corne pour boire.

Moralité : le dieu soleil qui est ainsi au milieu, représente la protection contre le mal. Sur la table avec les 3 pieds du taureau mort, 2 petits pains avec du raisin qui représentent le repas saint. La viande et le sang donnent de la force au corps et à l’âme pour une renaissance dans la lumière resplendissante.

Sur la frise supérieure, sont sculptées deux rosettes, l’une avec le soleil (inscrite dans un cercle) l’autre avec la lune (inscrite dans un losange) ce qui veut dire qu’entre le soleil et la lune, nuit et jour, on trouve le repas saint dans l’univers. C’est la représentation du culte de Mithra.

Petites stèles
Mithra sur un cheval, cheveux frisés, bonnet phrygien sur la tête.
Sous le cheval, un lion ; sous le lion, un serpent.
Sur une autre petite stèle, Mithra émergeant des rochers (ciel des Perses). Main droite un poignard, main gauche le globe.


Musée du château de Karlsruhe

C’est là que se trouve l’original de la stèle de Heidelberg. Celle-ci dégage une très forte vibration par rapport à la copie. Elle a été trouvée à Neueunheim, près de Heidelberg en 1838 et a échappé à la destruction des premiers fanatiques chrétiens, enterrée dans les fondations d’une ferme.

Juste à côté, une belle tête de Mithra (+/- 60 cm)
(voir description dans le paragraphe Musée de Heidelberg)


Musée de Wiesbaden

Table de Heddernheim. Découverte en 1826 dans le Mithraeum, dans l’Heidenfeld, près de Heddernheim, le plus célèbre d’entre eux.

Cette “table” est installée au fond d’un Mithraeum reconstitué, auquel on accède en descendant quelques marches.

Devant, un genre d’autel en forme de colonne, hexagonal, et creusé au centre. A l’arrière on découvre un trou à 20 cm du bord supérieur qui devait permettre l’écoulement d’un liquide.

La scène de Mithra tuant le taureau, sculptée dans un seul morceau, laisse près de la moitié de la hauteur aux frises extérieures qui l’entourent sur 3 côtés comme autant de pièces rapportées.

Panneau central
Il est à noter qu’il n’y a pas de soleil et de lune de chaque coté de la tête de Mithra, par contre le corbeau est posé sur son voile. Mithra regarde vers le spectateur puisque l’astre solaire n’est pas représenté sur le tableau. Cautes et Cautopates sont à la même hauteur, sur le sol.
La jambe de Mithra, son torse et sa tête, sont sur une même ligne oblique, soulignée par la courbe de la cape. De l’autre côté, sur l’oblique symétrique partant de la tête de Mithra, on trouve la main qui tient le poignard, le corps allongé du chien et la jambe de Cautes.
Le serpent, la coupe et le lion sont placés sous le ventre du taureau, ils ne prennent pas beaucoup de place. Le taureau ne touche presque pas terre. Il tombe vers l’avant, sa patte avant droite est pliée, posée sur le dos du lion, tandis que sa patte arrière droite est encore verticale. Sur le sabot du taureau repose le pied de Mithra qui paraît être plus “debout” que sur les autres stèles. La queue du taureau se termine en trois brins, on ne voit pas les barbes des épis habituels. Le chien aussi se hisse et essaie d’atteindre le sang que l’on ne voit pas encore couler.
Frises horizontales
Aux quatre angles de la stèle sont sculptés dans des cercles 4 vents : 2 avec une barbe, 2 imberbes. Ils portent tous des ailettes dans les cheveux.
Sur la frise supérieure, à gauche, est représenté le char de Mithra et du roi Soleil. Mithra n’y pose qu’un pied. Ils montent à l’assaut du rocher tandis que de l’autre côté, la lune, également sur son char, descend du rocher. L’un va vers le ciel, l’autre descend du ciel. Les scènes sont encadrées par des cyprès.
Au-dessus de la tête de Mithra, une petite frise arrondie représentant les signes du zodiaque. Cette frise forme la grotte mithriaque. Au-dessus de la frise, dans les coins, Mithra tire de l’arc pour faire jaillir l’eau du rocher.
Dans la frise intermédiaire, de gauche à droite : Mithra caché dans un cyprès, Mithra tirant le taureau, Mithra couronnant le soleil, Mithra relevant le soleil agenouillé devant lui. Chaque scène est séparée de la suivante par un cyprès.
Frises verticales
Au-dessus et sous les 4 vents se trouvent les quatre saisons.
Puis, à gauche en haut, Jupiter foudroyant un géant ; en bas, Oceanus couché.
A droite, en haut, Mithra naissant du rocher ; en bas, Mithra, nu, s’approche d’un arbuste.


Conclusions
Les différentes stèles que nous avons vues sont de dimensions relativement imposantes, surtout comparées à celle du Louvre. Certaines ont bien résisté aux siècles et sont encore en relativement bon état, sauf celle de Strasbourg dont il ne reste que quelques morceaux épars.
Les musées de Metz et de Heidelberg ont fait un effort appréciable dans la présentation et les explications des stèles et objets présentés.
Le Musée de Wiesbaden n’ouvre les grilles de son Mithraeum que sur demande, mais sans difficulté. Il n’y a que très peu d’explications pour le moment sur place. Le Musée projette de faire une plaquette prochainement.
La reconstitution présentée par le Musée de Strasbourg présente assez peu d’intérêt.
Le Musée de Karlsruhe a l’avantage de montrer la stèle tauroctone originale provenant de Neuenheim / Heiligenberg et dont la copie est si bien mise en valeur à Heidelberg.
Les recherches que nous avons été amenées à conduire dans l’est de la France et en Allemagne proche nous ont permis de découvrir un monde inconnu, qui aurait pu être le nôtre si le christianisme n’avait pas pris le dessus sur le mithraïsme, il y a bien longtemps…

 

 

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